Pour toutes ses expéditions, l’équipe d’AKOR est déterminée à collaborer à l’avancement des connaissances sur les écosystèmes nordiques et sur le corps humain. Elle met à profit ce qui la distingue des recherches conventionnelles: sa capacité à parcourir de longues distances de façon intégrale et à un rythme qui lui permet de s’arrêter temporairement n’importe où pour procéder à des échantillonnages.
Ce que les arbres nous disent
Les forêts boréales couvrent près de 30% de la surface forestière de la Terre et jouent un rôle essentiel dans le cycle global du carbone. Or, les régions boréales les plus nordiques sont particulièrement touchées par les changements climatiques, alors qu’elles se réchauffent jusqu’à deux fois plus rapidement que le reste de la planète. À de telles latitudes, la forêt boréale transitionne vers la taïga : une mosaïque de toundra et de forêts ouvertes dominée par l’épinette, dont le sol est couvert de lichens. Seulement en Amérique du Nord, ces forêts nordiques couvrent environ 2 millions de km2. Malgré la grande importance de ces forêts nordiques, l’immensité et l’inaccessibilité du territoire rendent difficile et très coûteuse la collecte de données, limitant ainsi drastiquement le nombre d’études dans ces régions.
Depuis la toute première expédition AKOR en 2018, l’équipe est déterminée à contribuer à l’avancement des connaissances sur ces forêts nordiques exceptionnelles en procédant à des échantillonnages dans les régions les plus isolées du monde. En recueillant des données sur des épinettes noires près de la limite nordique des arbres, il est possible d’étudier comment les forêts subarctiques s’adaptent aux récent réchauffement climatique. En plus d’améliorer notre compréhension des écosystèmes forestiers nordiques, ces efforts de recherche peuvent fournir des informations essentielles qui permettront d'anticiper la façon dont les changements climatiques futurs modifieront la productivité de l’ensemble des forêts boréales. Les échantillons qui furent prélevées lors d'AKOR 2018 et 2021 seront le sujet d'une thèse de doctorat dirigée par Guillaume Moreau.
Guillaume Moreau (PhD), membre de l’équipage, est professeur au Département des sciences du bois et de la forêt à l'Université Laval. Il fut l'instigateur de ce projet de recherche en écologie forestière. Son amoureuse Catherine, aussi membre de l'expédition, est professionnelle de recherche dans le même département. À quelques reprises, ils ont ensemble publié leurs conclusions de recherche, notamment dans la revue Frontiers in Forests and Global Change. Dans cette revue, un article a été publié en 2020 et l'autre en 2023.
Gérer la douleur chronique
Plusieurs membres d’AKOR sont de jeunes athlètes motivés, mais qui doivent composer avec des douleurs chroniques issues de multiples accidents. Cela n’est pas un phénomène rare, puisque 20% des Canadiens vivent au quotidien avec de la douleur chronique. Cette condition empêche une immense part de la population d’avoir un mode de vie actif, ce qui enferme parfois les gens dans une relation négative avec le sport et le mouvement. Nicolas et Laurence (membres de l'équipage) le savent bien: ils se sont cassé la jambe il y a 2 ans, juste au retour de l'expédition de 2021.
Pour l'expédition de 2021, l’équipe d’AKOR s'était associée à un laboratoire de recherche en santé à l’université de Sherbrooke pour élaborer un projet clinique exploratoire. L’objectif était de savoir si le fait de s’associer à un grand projet comme une expédition pouvait motiver les gens atteints de douleur chronique à faire de l’activité physique. Pendant les 234 jours que dura l’expédition, le groupe de patients devait suivre symboliquement les aventuriers en accomplissant la même distance chaque jour, en équipe. Dans son édition 2021, ce projet nommé « Versant AKOR : un partenariat vers la santé » s’avéra un succès retentissant: la dizaine de participants ont affirmé avoir regagné du contrôle sur leur narratif de vie, changeant considérablement leur relation avec leur corps et le mouvement. Les patients ont affirmé avoir développé une perception plus positive d’eux même et avoir plus de facilité à persévérer dans ce mode de vie où la douleur est quotidienne. Ce projet fut reconduit pour l'expédition de 2024.
Dans le monde de l’aventure, on parle souvent du pouvoir inspirant des expéditions. Pour une rare fois et dans une formule innovante, nous avons mesuré et quantifié le pouvoir des expéditions à agir comme levier de motivation auprès des gens qui en ont le plus besoin : ceux qui sont vulnérabilisés par une condition physique injuste. L’expédition AKOR 2024 a permis de développer un nouvel outil clinique pour les intervenants œuvrant auprès de cette population. Cette initiative fait d'ailleurs l'objet d'une recherche de maitrise par une étudiante de l'université de Sherbrooke. Les nouvelles connaissances qui émaneront de ce projet ne sont que le début d’une nouvelle ère de recherche dans le contexte de la douleur chronique. Pour en savoir plus sur cette initiative novatrice, lisez cet article publié au journal La Tribune durant l'expédition: Faire partie d’une expédition malgré la douleur chronique.